Vers plus d’autonomie face à votre instrument
Pour bien fonctionner, votre instrument nécessite un suivi quotidien. Sans ce suivi, aucun luthier, fut-il Stradivari, n’a le pouvoir de le maintenir à son meilleur niveau.
Améliorez votre confort de jeu
Pour jouer juste, il faut notamment pouvoir s’accorder. Si on considère l’instrument d’un point de vue mécanique, il est constitué d’un système de mise en tension des cordes – les chevilles et les tendeurs – et d’un système de guidage des cordes – le sillet de la touche et le chevalet.
Trois petits gestes simples
Graisser les chevilles, lubrifier les encoches du passage des cordes au sillet et au chevalet, et contrôler l’angle du chevalet régulièrement (et le redresser si nécessaire).
Ces trois petits gestes simples assureront une durée de vie plus longue des cordes et du chevalet (si on en prend soin, un chevalet bien conçu peut vivre plus de 10 ans sans problème !).
1. Graisser les chevilles
Pour graisser les chevilles, on les enlève une par une et on enduit la partie en contact avec le chevillé à l’aide d’une pâte semi lubrifiante* ou de savon sec et éventuellement d’un peu de craie si elles glissent trop facilement (en très petite quantité parce que cette dernière est abrasive et pourrait à long terme compromettre le bon fonctionnement des chevilles). N’hésitez pas à les faire tourner au moins 20 fois dans chaque sens avant de remettre la corde afin de bien répartir la pâte.
Pour garantir un bon fonctionnement des chevilles de votre instrument, il faut les utiliser régulièrement. Si le cordier de votre instrument est équipé de tendeurs, n’attendez pas qu’ils soient à bout de course pour l’accorder avec les chevilles !
Lors de fortes variations d’humidité de l’air, les chevilles et le chevillé gonflent ou se rétractent avec pour conséquence de rester bloquées ou de lâcher. En effet, les chevilles étant coniques, il faut les enfoncer un peu plus quand il fait sec et les ressortir lorsqu’il fait plus humide sans quoi elles risquent de rester bloquées et d’ovaliser les trous.
*Disponible dans les magasins de musique ou chez votre luthier.
2. Lubrifier les encoches de passage des cordes
On lubrifie les encoches des cordes au sillet de la touche et au chevalet à l’aide de mine de crayon très gras (6B).
Lorsque les encoches sont bien lubrifiées, on peut redresser le chevalet facilement avec toute la tension des cordes. Si l’on y arrive pas, c’est peut-être dû à des encoches trop étroites ou trop profondes : les cordes ne doivent pas s’enfoncer de plus du 1/3 ou 1/2 du diamètre de la corde.
Sur le chevalet, l’encoche de la 1re corde est garnie de parchemin. Sans cela, elle s’enfoncerait très vite dans le chevalet. Il est conseillable d’en faire placer un également si on joue un La de violon en acier. Si vous changez de diamètre de cordes, il peut être nécessaire de faire retoucher les encoches par votre luthier.
3. Redresser le chevalet
La face du chevalet du côté du cordier doit former un angle droit avec le plan des éclisses.
Si cette condition n’est pas réalisée, la pression des cordes n’est pas appliquée correctement sur le chevalet.
La réponse de l’instrument en est affectée et à terme le chevalet va se plier de manière irréversible et pourrait même se rompre. Il est utile de se rappeler qu’un chevalet de violon pèse moins de 2 grammes et supporte une pression d’environ 5 kilos !
Pour le redresser, on maintient l’instrument entre les genoux et on prend le chevalet entre les doigts des deux mains, les pouces d’un côté et les autres doigts de l’autre et on le bascule jusqu’à ce qu’il soit revenu dans sa juste position. Cette opération doit être effectuée avec toute la tension des cordes, sans quoi le chevalet repartirait plus que probablement vers la touche.
Il n’est pas toujours aisé de voir si la position est correcte aussi vous pouvez demander à votre luthier de vous tailler une jauge en bois qui se glisse exactement entre le sommet du chevalet et l’extrémité de la touche.
L’angle du chevalet doit être contrôlé au moins une fois par semaine et plus souvent quand vous venez de remplacer les cordes. Et avec un peu d’entraînement, contrôler et redresser votre chevalet devient aussi naturel que d’accorder votre instrument ou de mettre de la colophane sur votre archet.
Nettoyer votre instrument
Pour le musicien, le nettoyage de son instrument consiste en de petits gestes simples et quotidiens qui permettent de limiter les dépôts de colophane, les accumulations de poussières, etc.
La touche et les cordes
La touche et les cordes (sauf les cordes en boyau) doivent être nettoyées avec un chiffon ou un mouchoir en papier humecté d’alcool. Attention au vernis : il ne faut absolument pas que l’alcool coule !
Quelques précautions
Ne laissez pas traîner un chiffon humecté d’alcool sur une surface où vous poseriez votre instrument. Refermez immédiatement le flacon d’alcool dès que vous avez humecté le chiffon : s’il venait à se renverser sur l’instrument, cela provoquerait une catastrophe ! Ne transportez jamais un flacon d’alcool dans votre étui ; même bien fermé, il pourrait couler notamment lors d’un voyage en avion (à cause des changements de pression).
Le vernis
Chaque fois que vous arrêtez de jouer, passez un chiffon doux ou en microfibres, surtout sur la table d’harmonie et la baguette de votre archet, pour enlever les dépôts de colophane et les éventuelles gouttelettes de sueur. De cette manière, on peut très efficacement limiter les accumulations de colophane dans lesquelles viendraient inévitablement se coller la poussière et autres saletés.
Certains produits du commerce dont certains composants font plus poisser le vernis qu’ils ne le nettoient sont à déconseiller. Le vernis brille, mais il colle et s’encrasse encore plus.
Il est préférable que l’instrument soit nettoyé par un luthier, par exemple lors de la révision annuelle. Il optera pour le produit et la méthode les plus adaptés. Dans certains cas, il utilise des solvants comme l’alcool qui peuvent faire des catastrophes dans des mains inexpérimentées.