Un quart de siècle d’expérience
Les instruments de Thomas Bertrand sont le fruit de près d’un quart de siècle d’expérience : étude approfondie des chefs-d’œuvre des maîtres italiens des XVIIe et XVIIIe siècles, échanges passionnés avec musiciens et collègues, écoute analytique, relation intime avec la musique, maîtrise des techniques et des styles, connaissance profonde du bois, recherche constante de cohérence entre matériaux, forme et fonction.
En dialogue avec les musiciens
D’abord, il y a la rencontre avec les musiciens, leur approche de la musique, leurs aspirations et leur nécessité de les concrétiser. Thomas Bertrand analyse avec patience et finesse toutes ces demandes. Il choisit un modèle et conçoit l’instrument qui répondra le mieux aux besoins exprimés.
Système proportionnel
La première opération est le tracé du moule, du plan des voûtes, du dessin et du positionnement des ouïes basé sur un système proportionnel analogue à celui qu’utilisaient les grands maîtres de la période classique. Le contour ainsi obtenu définit le caractère général du son de l’instrument.
Le bois
Outre l’aspect esthétique, le choix du bois influence, entre autres, l’émission et la couleur du son. Croissance, densité, nervosité, coupe : chaque paramètre est déterminant.
Grâce aux relations qu’il entretient avec les scieries spécialisées (en Italie, France, Allemagne, Europe centrale), Thomas Bertrand dispose d’une importante sélection des meilleurs bois de résonance.
À l’écoute de la matière
Pour la construction de ses instruments, Thomas Bertrand utilise pratiquement les mêmes techniques et les mêmes outils que ceux des luthiers des XVIe et XVIIe siècles. La scie à chantourner, les gouges, les canifs, les rabots, les racloirs, les râpes, les limes, les compas, le trusquin, le trace-filet, le fer à ployer, etc. Tous ces outils à main n’ont pas changé au cours des siècles.
L’ambre et l’huile de lin
Le procédé de vernissage de l’instrument permet de magnifier les qualités esthétiques du bois, mais il conditionne aussi l’influence du vernis sur la sonorité.
Si la composition et le mode de préparation du vernis ont leur importance, plusieurs autres paramètres interviennent également : le mode de finition de la surface du bois, la couche d’isolation qui le précède, sa viscosité, l’épaisseur de la couche, le mode de séchage, etc.
Thomas Bertrand utilise un vernis à l’huile de lin et ambre, qu’il prépare lui-même à partir des produits bruts. Il le colore avec des pigments de garance « maison ».
Le premier cri
Une fois le vernis sec, il reste à monter l’instrument : finition de la touche, placement des chevilles, mise en forme des sillets, ajustage de l’âme, taille du chevalet, mise en tension des cordes. Moment d’émotion intense : le premier son !
Les âmes « de lait »
Dans les premiers mois, un instrument neuf nécessite un suivi fréquent : sa structure et ses matériaux s’adaptent aux contraintes de tension, aux vibrations et aux sollicitations du jeu. Certains ajustements sont nécessaires comme le remplacement de l’âme par une âme plus longue ou l’adaptation de la hauteur du chevalet. Assez rapidement, l’instrument se stabilise et les visites chez le luthier s’espacent et deviennent annuelles (comme pour n’importe quel instrument).
Le suivi de l’instrument par le luthier permet de l’amener et de le maintenir au mieux de son potentiel.
Le geste juste
À chaque moment de la réalisation d’un instrument, ce sont l’intuition et la sensibilité, prenant appui sur l’expérience et la réflexion qui guident les choix du luthier. Les possibilités sont tellement nombreuses que le seul raisonnement ne suffit pas. Tous les sens sont sollicités à chaque bifurcation pour poser le geste juste, cohérent à l’ensemble. Le résultat sonore dépend de la convergence de tous les éléments.